Alors que la guerre s’installe et pèse sur la vie quotidienne des pays belligérants, économiser l’énergie devient un enjeu majeur.
En 1913, le charbon couvre environ 88% des besoins énergétiques de la France, loin devant le bois avec environ 10% et le gaz, qui reste marginal à environ 1%.
La consommation annuelle de la France est égale à environ soixante-cinq millions de tonnes dont douze millions pour les ménages.
Le charbon est utilisé aussi bien pour les besoins domestiques, que pour les besoins industriels, et les transports. De plus, pour produire du gaz et de l’électricité il faut du charbon.
Un des aspects inattendus de la pénurie de charbon est son impact sur la distribution d’eau, les machines élévatrices des distributeurs fonctionnant au charbon.
Le pétrole se fait rare car il est réservé en priorité à l’Armée.
Le bois de chauffage remplace en partie le charbon mais pour ceux qui ne peuvent s’en procurer gratuitement les prix augmentent rapidement. Le bois se vend au kilo comme les légumes.
Une des solutions proposées pour économiser l’énergie est le changement d’heure en été.
Une Loi en ce sens est soumise aux députés le 18 avril 1916 et approuvée par deux-cent-vingt-neuf voix contre cent soixante-douze. Cette Loi autorise le changement d’heure pour la durée du conflit et le Sénat s’y oppose préférant légiférer uniquement pour 1916.
Le Gouvernement accédant à cette demande, la Loi est approuvée par le Sénat à main levée le 8 juin 1916. Promulguée le 9 juin elle est mise en œuvre le 14 juin 1916. A vingt-trois heures il est minuit.
Pour la première fois les français avancent leurs pendules d’une heure.
Entre temps, de nombreux pays ont procédé au changement d’heure.
L’Allemagne, l’Autriche-Hongrie et les Pays-Bas dans la nuit du 30 avril au 1er mai ; Le Luxembourg, la Suède et le Danemark dans le nuit du 14 au 15 mai ; La Grande-Bretagne et la Norvège dans la nuit du 20 au 21 mai ; L’Italie dans la nuit du 3 au 4 juin.
Si la mise en œuvre se fait dans le désordre, la date de fin de la mesure est unanimement fixée au 1er octobre 1916.
La Loi de 1916, n’étant pas applicable en 1917, les députés examinent un nouveau projet de Loi en début d’année 1917.
Si les rapports présentés à la Chambre des Députés concluent que le changement d'heure s'est fait très facilement et qu’il est reconnu profitable en termes d'économie d'éclairage et de charbon, ils concluent également que le changement d’heure n’a pas été systématiquement appliqué en province où les travaux ont continué à être réglés par le lever et le déclin du jour.
Depuis 1911, la France a abandonné l’Heure de Paris pour adopter l’Heure du Méridien de Greenwich.
Cette heure correspond à l’Heure de Paris moins 9 minutes et 20 secondes. Elle est également appelée Heure de l’Europe de l’Ouest, ou plus généralement Heure GMT ou TU.
En avançant les pendules d’une heure, la France adopte ce qui sera l’Heure d’Eté de l’Europe de l’Ouest.
Les économies de charbons réalisées en 1916 sont estimées à deux-cent-mille tonnes au niveau de la production gazière et cent-mille tonnes au niveau de la production d’électricité.
Une nouvelle Loi applicable pour la durée du conflit est approuvée le 19 mars 1917 par deux-cent-quatre-vingt-onze voix contre cent-soixante-dix-sept.
Le changement d’heure qui peut intervenir entre le premier dimanche de mars et le premier dimanche d’octobre est fixé au 24 mars à vingt-trois heures.
La date du 24 mars 1917 est ainsi souvent, et à tort, présentée comme la première date à laquelle les français ont changé d’heure.
Voici les dates de changement d’heure de 1916 à 1918 :
1916 : 15 juin et 1er octobre
1917 : 24 mars et 6 octobre
1918 : 9 mars et 05 octobre
Par la suite, le changement d’heure est reconduit jusqu’en 1945.
Le 14 août 1945, le Gouvernement provisoire décide d’abandonner le principe du changement d’heure et il renonce également à revenir à l’Heure du Méridien de Greenwich.
Désormais la France adopte l’Heure de l’Europe Centrale. Soit l’Heure du Méridien de Greenwich plus une heure.
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